Le Vietnam est un pays riche en culture et en traditions. Une des façons les plus immersives de découvrir sa culture unique est de déambuler dans les marchés locaux, pour non seulement une expérience d’achat singulière, mais aussi pour des rencontres et des partages authentiques.
Marché ethnique - Photo : Mr Linh's Adventures
Shopping dans un marché local vietnamien – Introduction
Quel que soit le pays, faire son shopping dans les marchés locaux est toujours le meilleur moyen de se plonger dans une culture étrangère et le Vietnam ne fait pas exception à la règle. De la nourriture, des souvenirs, des vêtements et surtout bien plus que du commerce, les marchés locaux du Vietnam offrent une vision multi-facettes d’un mode de vie unique.
Les marchés existent depuis l’aube de l’humanité, partout dans le monde. Et s’ils sont bien entendu des lieux de commerce, ils ont gardé – notamment en Asie et particulièrement au Vietnam – cette fonction essentielle de créer du lien social par les échanges et les rencontres. Pratique millénaire, le marché s’inscrit dans l’inconscient collectif des Vietnamiens, façonnant un patrimoine culturel unique, qui se décline selon les géographies, les topographies et les météos régionales. Marché urbain, marché de campagne, marché enclavé des communautés locales montagnardes ou marché flottant, le marché au Vietnam reflète la diversité culturelle de ses communautés ethniques.
Quand on parle de marchés locaux, on pense immédiatement aux marchés ethniques et leur exotisme dépaysant. Mais cet esprit de partage, d’échange, cette toile particulière sur laquelle se tissent des liens privilégiés se retrouve également dans les marchés urbains. On est ici bien loin des temples modernes de la consommations abordés dans un autre article. L’humain est ici encore présent, les sourires authentiques et l’art de la négociation y a encore toute sa place.
Les 3 raisons de flâner entre les étals d’un marché local
1-Vivre une expérience culturelle unique
Visiter un marché au Vietnam, c’est entrer de plain pied dans le quotidien des habitants. C’est croiser des gens de tous horizons, du badaud à la vendeuse, en passant par la femme au foyer qui négocie son achat. C’est découvrir des produits tous plus exotiques les uns que les autres, c’est s’empreigne de bruits, de couleurs et d’odeurs dans un dépaysement qui se retrouvera jusque sur le stand de restauration.
Aux abords du marché Dong Xuan, Hanoi - Photo : Team Mr Linh's Adventures
2-Dénicher des produits vraiment locaux
Sans négliger la probabilité de tomber sur du Made in China, il sera tout de même plus facile de trouver sur un marché local de quoi faire de bonnes affaires. Par contre, il faut savoir négocier ou se faire aider par quelqu’un qui maitrise l’art et la manière de faire tomber les prix mais pas la face. Les marchés de montagnes sont particulièrement pittoresques. Il n’y a que là – ou presque – que vous trouverez d’authentiques tissus Hmong ou Dao, pour ne parler que des plus connus.
3-Se régaler d’une street-food incomparable
Dans les marchés urbains mais aussi campagnards, laissez-vous tenter par le coin restauration. Si vous êtes un aventurier du gout, un audacieux de la papille ou tout simplement curieux et gourmand (pas forcément dans cet ordre), vous trouverez sur les marchés ce qu’aucun restaurant ne vous proposera. Mais attendez-vous cependant à du rustique improbable, de la créativité déroutante et des saveurs incroyables.
Quels sont les types de marchés locaux au Vietnam ?
1-Les marchés locaux urbains
Il est bien évident qu’on ne fait pas référence ici aux supermarchés ni même aux superettes, mais bien aux modestes marchés de rue, de quartier voire aux marchés de gros.
Ouvrant généralement à l’aube, ils permettent de se procurer de quoi préparer les repas du jour. Ephémères, ils peuvent se tenir le long d’une rue, sur un trottoir ou s’animer sous le couvert d’un toit, héritage de la colonisation française. Les marchés couverts les plus connus étant Dong Xuan à Hanoi et Ben Thanh à Saigon. Dans cette catégorie de marchés, on verra aussi les marchés aux fleurs ou au poisson (celui de Hoi An est particulièrement réputé).
Le marché couvert de Dong Xuan - Photo : Team Mr Linh's Adventures
Les marchés urbains de Hanoi
Cho Dong Xuan
Erigé fin des années 1880, le marché couvert de Dong Xuan occupait autrefois les rives de la rivière To Lich. Il sera ensuite installé quartier de Dong Xuan, courant 1889.
Intimement associé à l’histoire de la capitale et du Pays, il représente non seulement un marché de gros animé, mais également de nombreuses valeurs historiques et culturelles. On y trouvera de tout, en provenance de bien des Provinces du Vietnam, de la soie à l’alimentation, en passant par les souvenirs pour les touristes. Le coin restauration vaut le détour (ainsi que les ruelles adjacentes, pour les gourmands curieux…).
Le marché nocturne du weekend
Destination plutôt commerciale et touristique, le marché nocturne du week-end à Hanoi reste cependant un lieu et une ambiance sympathique à expérimenter. Sur 3 km, entre Hang Dao et Cho Dong Xuan, les rues Hang Ngang, Hang Dao et Hang Duong accueillent près de 4 000 stands, dans une débauche de vêtements, jouets, artisanat et nourriture. Un bon point : les prix pratiqués sont relativement bon marché.
Mais aussi : Quang Ba, le marché aux fleurs, Cho Hom, specialisé dans le tissu, Lang Bien, immense marché nocturne de gros et de detail pour les fruits et les légumes.
Les marchés urbains de Ho Chi Minh-ville
Cho Ben Thanh
Figure emblématique de l’ancienne Saigon, Ben Thanh a été fondé par les Français le long de la rivière Ben Nghe. Dans les années 1911, le gouvernement colonial décide de le déplacer sur son emplacement actuel. Les travaux s’échelonneront de 19152 à 1914.
Fonctionnant presque de la manière de nos jours, il accueille près de 1 450 stands et pas loin de 6 000 petits commerçants. Ici aussi, on trouvera toutes sortes de produits, de l’alimentaire aux produits haut de gamme.
Cho Binh Tay (Cho Lon)
Situé dans le District 6, au cœur du quartier chinois, c’est un des vieux quartiers historiques de Saigon. Dans une ambiance très locale installée dans de remarquables bâtiments coloniaux, on se plait à voyager dans le voyage, découvrant au détour de chaque étal vêtements, sacs, maquillage, linge de maison, jouets et autres casques de moto. ILl faut absolument tester la street food proposée en rez-de-chaussée !
Mais aussi : Russian Market, pour la clientèle russe, Cho An Dong, pour la vente en gros et au détail de textiles…
Sans oublier Dang Ba, à Hue ou le très chaleureux marché nocturne de Hoi An
Le marché couvert de Da Nang - Photo : Team Mr Linh's Adventures
2-Les marchés de campagne
Traditionnellement installés aux portes des villages, à l’ombre d’un banian souvent plusieurs fois centenaire, ils s’abritent généralement dans une petite halle coiffée de tuiles anciennes.
Dédiés aux besoins quotidiens de la population locale, ils sont d’importants et indispensables points de rencontres économiques, culturels et sociaux. On y commerce, on y marchande, on y papote et on y boit des coups. Certains caressent le secret espoir d’y rencontrer celle avec qui fonder un foyer…
S’il est moins achalandé que son cousin urbain, “Cho Que”, le marché de campagne, propose à l’envi produits de saison et du terroir, dès potron-minet jusque vers midi.
Notez qu’on peut différencier deux types de marché de campagne : les foires et les marchés nocturnes (Cho Hom). La particularité des foires étant qu’elles se tiennent périodiquement, par exemple les jours se terminant par un 3 ou un 8, soit les, 3, 8, 13, 18, 23 et 28 du mois lunaire. Depuis quelques temps, les plus grosses foires se tiennent également le dimanche. Moins fréquentés et moins garnis, les Cho Hom peuvent débuter l’après-midi sous la dénomination de Cho Chieu, pour se poursuivre en nocturne.
Marché de Bac Ha - Photo : Mr Linh's Adventure
3-Les marchés des ethnies montagnardes
Certainement les plus spectaculaires et les plus captivants.
Généralement enclavés dans les régions reculées et escarpées du Nord Vietnam, les marchés ethniques convoquent les communautés locales voisines pour des moments d’abord de convivialité et d’échanges, puis de commerce et de négociations. Car dans ces régions morcellées par les vallées encaisses, perdues entre falaises rocheuses et cols vertigineux, le jour du marché est le moment unique et privilégié pour colporter outre les outils agricoles, les dernières rumeurs et les potins du moment. Dans le froufrou chatoyant des costumes traditionnels de chaque communauté, on parle, on rit, on partage, on s’amuse. On a mis parfois plusieurs jours pour y venir, alors on prend le temps de jouer de la flute, de danser et de chanter. Et accessoirement, de faire un peu de commerce… Indispensable lieu de sociabilité, on y trouvera peut-être la femme de sa vie. On retrouvera certainement ceux avec qui partager quelques coupelles d’alcool de riz.
Ici aussi, il est conseillé au voyageur de faire un tour au stand de restauration pour découvrir une cuisine certes rustique et audacieuse, redoutablement créative dans son opportunisme à manger de tout, mais toujours délicieuse et savoureuse.
Sachez que les marchés ethniques se déroulent de façon hebdomadaires, souvent le dimanche comme les marchés de Bac Ha ou de Meo Vac. Certains suivent le calendrier lunaire comme le marché de Bao Lac dans le Nord Est du Vietnam.
Marché flottant dans le Delta du Mékong - Photo : Pixabay
4-Les marchés flottants
Icones du delta du Mékong, les marchés flottants (Choi Noi) se déroulent sur les bras secondaires du fleuve mythique, selon un mode de vie atypique et fascinant.
Comme sur la terre ferme, on distinguera le marché flottant de gros (Long Xuyen) du marché flottant de détail (Nga Nam). Majoritairement dédiés à la vente de fruits et legumes, les bateaux annoncent leurs produits en les accrochant au bout d’une longue perche qui sera fichée à la proue. Le spectacle du ballet des bateaux, gros comme petits, où s’échangent fruits exotiques et légumes du terroir est un enchantement dépaysant et exotique, mais qui demande de se lever (très) tôt, en général, l’animation retombe avant 9 heures du matin. Dans ce mode de vie atypique, s’achètent et se vendent ramboutans, oranges, pamplemousses, mangoustans, durians ou encore des poissons d’eau douce, serpents, crabes des champs ou autres crevette, tandis que certaines embarcations sont dédiées à la restauration, au café, voire à la vente d’articles ménagers et électroniques.
Bien que moins fastueux que les marchés flottants de Thaïlande, les plus vastes et parmi les plus anciens dans le delta du Mékong ont pour nom Nga Bay, Phong Dien ou Cai Rang (ville de Can Tho), Phung Hiep (province de Hau Giang), et Cai Be (province de Tien Giang). La plupart des produits agricoles et des fruits y sont vendus à des grossistes, qui les revendent ensuite à des usines pour y etre transformês ou les envoient vers Hanoi et les Provinces du Nord.
Cho Noi Cai Rang (Can Tho)
Rendu populaire par son emplacement et son accessibilité facile, Cai Rang est considéré comme le plus grand marché flottant dans le Delta du Mékong.
On ne retrouve nulle part ailleurs l’agitation qui règne sur ce marché emblématique d’un style de vie atypique de plus de 100 ans d’âge. IL est connu pour son commerce de fruits typiques de la régions, comme le pamplemousse de Nam Roi, le kiwi de Vinh Long ou encore le durian de Cai Mon.
Cho Noi Cai Be (Tien Giang)
Situé à proximité de Ho Chi Minh-ville, ce marché très fréquenté, est considéré comme une plaque tournante majeure du transport et du commerce des produits agricoles du Delta du Sud avec le reste du Pays.
De plus, il reste ouvert un peu tard que les autres, pour le plus grand plaisir des voyageurs un peu lève-tard.
Cho Noi Long Xuyen (An Giang)
Un des moins connus et donc des moins fréquentés par les voyageurs étrangers.
Outres les fruits et légumes, Long Xuyen est réputé pour sa cuisine (qu’on ne qualifiera pas de rue…), simple, authentique et généreuse. Un bijou caché du delta du Mékong, à l’atmosphère authentique et intimiste