Réputé pour la richesse de son patrimoine culturel, le Vietnam peut être fier de ses costumes traditionnels. Retrouvant peu à peu toute leur place dans la société moderne, ils ne se limitent pas au seul fameux Ao Dai.
Enfant d'ethnie Ha Nu portant le costume traitionnel - Photo : pngtree
Les costumes traditionnels vietnamiens, une introduction
Est-il besoin de préciser que les vêtements font partie du patrimoine culturel d’une nation ? Avec l’incroyable richesse que lui donne sa mosaïque ethnique, le Vietnam peut s’enorgueillir d’une garde-robe exceptionnelle ! 54 ethnies et autant de costumes traditionnels, aux coupes, motifs et ports différents, partageant cependant des ornements richement travaillés et des couleurs chatoyantes.
Pour les Kinh, l’ethnie majoritaire, c’est… une autre paire de manches. Sous la dynastie des Nguyen, par exemple, des restrictions étaient imposées quant au type et aux couleurs des vêtements portés : pour les hommes, le combo vêtements bruns avec des turbans et des chaussures en bois ou des sandales était de rigueur. Les couleurs autorisées se limitaient au brun, au noir et au blanc ; le jaune était la couleur royale et le rouge n’était porté que par les mandarins de haut rang. Quant au bleu et au vert, on retrouvait ces couleurs dans les éléments décoratifs des costumes de mandarins de rang inférieur. Les femmes pour leur part portaient des chemises dans les tons marron clair et une veste noire, complétant leur tenue par l’indispensable chapeau conique.
Le style traditionnel des vêtements portés au Vietnam, connu sous le nom de Viet phoc, reflète à la fois des éléments locaux et les influences étrangères rencontrées au cours de l’histoire du Pays en forme de S.
Parmi les exemples de costumes traditionnels vietnamiens, citons l’ao Tac, l’ao Giao Linh, l’ao Nhat Binh, l’ao Ngu Than, entre autres. Caractérisés par des matières naturelles telles que le chanvre, la soie ou le coton, ces vêtements sont fins, amples et légers, tout à fait adaptés au climat tropical du pays aux palanches.
Pour conclure cette rapide présentation des différents costumes traditionnels du Vietnam, notons que certains d’entre eux ont été perdus, remplacés par des interprétations plus modernes. Il est à noter également un net regain d’intérêt de la part des jeunes pour le vêtement traditionnel, volontiers porté pour des photos prises dans les rues du vieux quartier, ou autour du lac Hoan Kiem (lac de l’Épée restituée) et plus encore pour des cérémonies importantes, comme la remise du baccalauréat. De nombreux sites web ont fleurit sur la toile, créés par des passionnés de culture vestimentaire.
Femme vietnamienne portant l'ao Tac - Photo : pixabay
Quelques costumes traditionnels vietnamiens
L’ao Tac
L’ao Tac est le costume porté sous la dynastie Nguyên. L’origine du nom ao Tac provient de la largeur de l’ourlet de la chemise, qui mesure exactement un pouce (environ 4 cm). Il désigne une chemise à cinq pans et larges manches, portée aussi bien par les femmes que par les hommes, quelle que soit la classe. Celle-ci sera marquée par les matériaux employés (soie, brocart ou autre), les couleurs, les motifs et les accessoires. Parfois appelée Chemise de Cérémonie, l’ao Tac se portait essentiellement lors des cérémonies importantes comme un mariage, des funérailles ou encore lors des festivités du Têt du Nouvel An Lunaire.
L’ao Giao Linh
Il s’agit de la forme vestimentaire la plus ancienne en Asie de l’Est. Ce type de vêtement proche des costumes traditionnels de la Chine se caractérise par un col croisé sur la poitrine, avec un rabat gauche qui se superpose au rabat droit. Les manches peuvent être amples ou étroites. La différence la plus évidente avec le costume porte dans l’Empire du Milieu se voit dans les ourlets intérieurs et extérieurs, qui ne sont pas égaux.
L’ao Nhat Binh
Costume de la famille royale, il est porté aussi bien par la reine, la concubine que la princesse. Son col est appelé "Nhat Binh" en raison de son motif qui, lorsqu’il est assemblé, forme un rectangle juste devant la poitrine. Après la période de la dynastie Nguyên, cette tenue sera le costume porté par la noblesse lors des grandes occasions.
L’ao Ngu Than
L’ao Dai à 5 pans, est né en 1744 suite à la réforme des costumes lancée par l’empereur Nguyen Phuc Khoat. Ce type de tenue possède un col haut, droit et carré symbolisant l’intégrité d’un gentleman. On compte 5 boutons en métal, jade, bois, etc., et non en tissu comme le cheongsam chinois, symboles des quatre parents, et d’un enfant (celui qui porte le vêtement). La jupe est ample et s’évase vers le bas, avec un bord recourbé. Si ao Ngu Than a connu bien des évolutions au fil du temps, il n’a jamais fait de distinction entre classe, sexe ou âge.
Femme portant un ao Dai moderne - Photo : internet
L’ao Dai
Costume vietnamien traditionnel par excellence et s’adressant aussi bien aux hommes qu’aux femmes, l’ao Dai se présente dans sa version masculine comme une longue tunique en soie tombant jusqu‘aux genoux, avec un col ajusté conventionnel, boutonné sur le côté gauche. Elle est généralement portée sur un pantalon ample.
Nous l’évoquions rapidement un peu plus haut, la couleur de l’ao Dai indiquait la position d’un homme dans la société. L’or représentait la royauté, l’ao Dai royal se voyant orné de broderies en forme de dragons, symboles de force et de puissance. Les officiels de haut rang portaient des ao Dai violets et les roturiers se paraient de différentes nuances de bleu.
Si de nos jours, l’Ao Dai n’est pas couramment porté au quotidien par ces messieurs, il reste un symbole d’élégance qui se verra notamment lors d’un mariages et des cérémonies du Têt.
La version féminine de l’Ao Dai est similaire à son homologue masculin, mais tombe jusqu’aux chevilles. On distinguera deux variantes principales – l’une en quatre pans avec des rabats à l’avant qui se boutonnent et l’autre en cinq parties, avec un rabat supplémentaire sur la droite, pour parer aux éventuels incidents gênants pour la pudeur.
Il faut noter ici que l’ao Dai se porte différemment selon que l’on habite le Nord ou le Sud du Pays aux deux Deltas. Dans le Nord, l’ao Dai à quatre pans est porté avec une longue jupe et un chapeau en feuilles, appelé Thao Non-Quai, ou parfois, juste un foulard sur la tête. Dans la partie méridionale du Vietnam, il se porte sur un pantalon ample, blanc, noir ou bien encore coloré. Appelée ao Ba Ba, cette version portée dans le Delta du Mékong se caractérise par une chemise sans col, au dos fait d’un morceau droit de tissu. Le corps avant se compose de deux pièces et, au milieu, il y a deux sangles qui courent de haut en bas.
Le fameux chapeau conique, ou Non La - Photo : pexels
Non La : le chapeau traditionnel
Omnipresent et indispensable, le célèbre chapeau conique appartient au patrimoine vestimentaire du Pays du Dragon !
Le nom vient de ce que ces chapeaux sont fabriqués à partir de feuilles de palmiers. Né à Hue, le Non La protège du soleil et de la pluie, se porte comme déclaration de mode ou devient l’accessoire obligatoire pour écrire de la poésie.
Les costumes traditionnels du Vietnam, quelques mots pour conclure
Il n’y a pas si longtemps, lorsque l’on évoquait les costumes anciens, on pensait au Hanfu de Chine, au Kimono du Japon ou au Hanbok de Corée. Il faudra désormais compter avec l’éternel ao Dai du Vietnam et sa place dans la vie moderne, comme un lien unique et fort entre passé et présent.