Parlé par plus de 80% de la population et par près de 4 millions de Vietnamiens à l’étranger, le vietnamien est la langue officielle du Vietnam.
Le vietnamien, une langue unique
Quelle langue est parlée au Vietnam ? Au premier abord, la question peut faire sourire… En effet, très logiquement, la réponse est : le vietnamien. Mais il est toutefois vrai qu’il peut y avoir des doutes… Le Vietnam n’a-t-il pas été sous tutelle chinoise pendant plus de mille ans ? Les colons français ne sont-ils pas restés quasiment un siècle ? Et puis, à bien y regarder, le Vietnam est la seule langue d’Asie continentale à s’écrire en utilisant l’alphabet latin (celui-là même qu’on utilise pour écrire la langue française et que vous êtes en train de déchiffrer en ce moment pour lire cet article !).
Le vietnamien, langue officielle du Vietnam © Mr Linh's adventure
La langue vietnamienne, une langue tonale
Historiquement parlant, la langue vietnamienne – qui appartient au groupe linguistique austro-asiatique (comme le khmer ou cambodgien) - n’avait pas de tonalité. Ce n’est qu’à travers le processus d'interaction avec la langue chinoise et surtout avec la langue Tai-Kadai et son système de tonalité très développé, que le vietnamien intègrera le système de tonalite. Il est généralement admis que le système de tonalite est apparu vers le 6eme siècle – sous la domination chinoise, donc – avec 3 tons, pour évoluer jusqu’à 6 tonalités sous la dynastie des Ly. Influencé par un certain nombre d’autres langues telles que le chinois, le muong, le thaï, le khmer, le portugais, le français et autres, le Tiếng Việt – le vietnamien – se présente de nos jours comme une langue monosyllabique et tonale. Notons au passage qu’il existe de nombreux dialectes repartis dans les 53 communautés ethniques qui composent le peuple vietnamien. Pour l’anecdote, on signalera la différence d’accent et de vocabulaire selon les 3 régions du Pays du Dragon. Ainsi, au Nord on a tendance à faire ressortir les consonnes, alors que dans le Sud, elles sont très fluides. Le Centre est caractérisé par une façon de parler que d’aucuns décrivent comme n’ayant aucune voyelle à disposition…
Toujours est-il qu’on retiendra que la langue vietnamienne comporte 6 tons et 5 accents, c’est-à-dire lorsque le ton d’un mot change, son sens aussi. Très peu de mots comportent plus de 2 syllabes. De plus, le vietnamien est une langue isolante. Les relations grammaticales s'expriment principalement à travers des systèmes des mots-outils et dans la position des mots dans des phrases. L’ordre des mots le plus couramment utilisé en langue vietnamienne est : sujet - prédicat – auxiliaire. Et enfin, la dernière caractéristique de la langue de Oncle Ho est son système des pronoms personnels, très complexes, basés sur des termes désignant les relations, les liens de parenté, de hiérarchie selon l’âge…
Le vietnamien fait partie des langues les plus parlées au monde, avec près de 85 millions de locuteurs (essentiellement concentrés au Vietnam, dont c’est la langue maternelle et officielle) A l’étranger, il est parlé par la diaspora vietnamienne, principalement aux Etats-Unis, en Australie (3eme langue la plus parlée au Pays des Kangourous) et en France.
Influences chinoises dans la culture vietnamienne © Mr Linh's adventure
La langue vietnamienne, des influences chinoises
À partir du 2ème siècle av. J.-C., le Vietnam sera dominé plus d’un millénaire durant par l’Empire du Milieu.
Il va sans dire que cette (très) longue domination a laissé des empreintes profondes dans la culture du Vietnam, empreintes visibles encore aujourd’hui. Il suffit par exemple de flâner dans Hanoi, la capitale du Pays, pour découvrir les trésors d’un patrimoine architectural en tous points remarquable, dont le Temple de la Littérature - construit en 1070 et dédié à Confucius – en est le représentant le plus impressionnant.
Il va sans dire que la langue vietnamienne a emprunté au chinois son lot mots, phrases et manières de dire. Il a en a résulté une sorte de sino-vietnamien - Tiếng Hán – où le chinois se prononçait selon les us de la phonétique vietnamienne, jusqu’à devenir un élément à part entière de la langue parlée vietnamienne. L’amusant de l’histoire, c’est que si ces termes vietnamisés sont effectivement d’origine chinoise, les Chinois ne les utilisent pas du tout. Pour les curieux, sachez que les termes sino-vietnamiens représentent environ 70% du vocabulaire de la langue vietnamienne. Ils sont concentrés essentiellement dans les domaines de la politique et de la science, mais aussi de la littérature (12% de présence) et du théâtre (9%). On en trouve très peu dans la langue parlée au quotidien. De plus, il y a une tendance à remplacer les mots sino-vietnamiens par les mots purement vietnamiens quand c'est possible.
Bien entendu, avant l’arrivée de la puissance chinoise, le peuple vietnamien avait sa propre langue, mais pas d’écriture officielle. C’est ainsi qu’au fil des âges, le Han s’est imposé au Vietnam pour gouverner, civiliser et éduquer. Ce système d’écriture se composait de dizaine de milliers d’idéogrammes, eux-mêmes se présentant sous la forme de traits inscrits dans une forme carrée.
En 939, le Vietnam se dégage enfin du joug impérial chinois, se réappropriant lentement sa propre langue. Les intellectuels de l’époque s’attachent à développer un nouveau système d’écriture, qui, tout en restant structuré par les idéogrammes chinois, s’emploie à transcrire le sens et le son des mots vietnamiens. Cette graphie est connue sous le nom de Nom. Jusqu’au 19ème siècle, la langue vietnamienne s’écrira en caractères chinois (d’où l’éventuelle confusions à laquelle nous faisions allusion en début d’article).
Influences francaises dans la langue et la culture du Vietnam © Mr Linh's adventure
La langue du Vietnam, des influences françaises
Au début du 17eme siècle, les Jésuites, sous la houlette de la congrégation catholique de La Compagnie de Jésus, arrivent au Vietnam pour faire y faire connaître le catholicisme. Cependant, les missionnaires sont confrontés à la complexité des caractères Nom, qui les empêchent de maîtriser la langue. Et donc d’évangéliser. La foi déplaçant les montagnes, ils trouveront la solution en transcrivant les sons qu'ils entendent dans l'alphabet latin. Ils créeront ainsi une nouvelle forme d'écriture - appelée Quoc ngu - qui sera codifiée et standardisée en grande partie par le prêtre français Alexandre de Rhodes en 1651. En fait, ce lexicographe avignonnais et jésuite n’a fait que terminer les travaux de ses camarades portugais Gaspar de Amaral et Antonio Barbosa, mais l’Histoire ne retiendra pour la postérité que lui et son dictionnaire vietnamien-latin-portugais (publie à Rome en1651). C’est ainsi que par rapport aux langues d’Extrême-Orient, le vietnamien est la seule langue d’Asie du Sud-Est qui s’écrit à l’aide d’un alphabet latin diacritique, mais avec 29 lettres dont 12 voyelles. En théorie, si vous savez lire, vous êtes sensé savoir prononcer les mots.
En 1859, la flotte française du Second Empire, dirigée par un certain Louis-Napoléon Bonaparte - Napoléon III pour les livres d’histoire - prend possession de Saïgon, une ville aujourd'hui connue sous le nom de Hô Chi Minh-ville Cet évènement marquera le début de la domination française au Vietnam, un territoire alors intégré à l'Indochine française, avec le Cambodge et le Laos.
Si Alexandre de Rhodes est considéré comme le père de Quoc Nu, il faudra attendre le début de l’année 1861 pour voir les autorités françaises introduire cette écriture dans les établissements scolaires. Le Nom va progressivement laisser sa place et, en 1919, les autorités coloniales françaises imposeront le Quoc ngu comme écriture nationale. Ce qui, accessoirement, permettait de franciser les autochtones… De fait, ce n’est qu’en 1918 que l’empereur Khai Dinh aboli le système d’écriture traditionnel du chu Han dans le système éducatif public. Ce qui entrainera une refonte de ce dernier, avec en particulier l’enseignement du tiếng Việt comme première langue et de tiếng Pháp (le français) en deuxième langue.
De façon assez anecdotique, la guerre contre les Américains facilitera quelques anglicismes, comme ailleurs dans nos civilisations mondialisées. La langue vietnamienne subira quelques influences russes également, notamment dans les années 1990.
Quelques mots français vietnamisés
Savon : xà bông. Chemise : áo sơ mi. Cravate : Ca vàt. Fromage : Pho mát. Cantine : căng tin. Film : phim. Cinéma : xi nê. Artichaut :atisô. Café : cà phê. Chocolat : sô cô la. Salade : xà lách. Laine : Len…
L'art du marchandage au Vietnam © Mr Linh's adventure
Le vietnamien, langue principale du Vietnam
S’il est vrai que la langue du Vietnam se modifie selon ses trois grandes régions, elle s’accompagne aussi des dialectes parlés par les différentes ethnies qui peuplent le Pays aux deux Deltas. En recense en particulier :
- Le Tieng Hoa (chinois), parlé par le groupe ethnique Hoa (chinois), résidant principalement dans le Sud du Vietnam
- Le Muong, parlé par la communauté Muong, présente essentiellement dans les régions montagneuses du Nord, en particulier à Hoa Binh et Thanh Hoa. Très proche de la langue vietnamienne, mais délesté de son influence chinoise, le muong a les six tons du vietnamien mais utilise un alphabet modifié avec plus de consonnes.
- Le Tay, une langue parlée par le groupe Tay, une communauté ethnique d’un peu moins de 2 millions de membres, présente surtout dans le Nord-Est du Vietnam, en bordure avec la Chine.
- Le H’Mong, parlé par le groupe Hmong dans les hauts plateaux.
- Le Nung, parlé par le groupe de même nom, qui peuple principalement le Nord-Est du Pays en forme de S, près de la frontière chinoise (Provinces de Cao Bang et Lang Son).
- Le Cham, la langue de l’ancien royaume du Champa qui s’étendait dans l’actuel Centre du Vietnam, aujourd’hui parlée par les Cham.
- Terminons avec le Khmer, langue du groupe Mon-Khmer, une communauté minoritaire de plus d’un million de personnes, essentiellement basée dans le delta du Mékong.
Certains de ces groupes ethniques ont gardé leur système d’écriture.
Le saviez-vous ? Ce sont quelques 100 langues et dialectes qui sont parlés au Vietnam, racontant l’histoire d’un peuple et d’un lieu.
My Son, vestiges de la civilisation Champa © Mr Linh's adventure
Le vietnamien, petit lexique de voyage
Il est généralement conseillé d’apprendre les mots de politesse de base, car il est toujours plus sympathique (et respectueux) de dire bonjour dans la langue du pays visité ! Nul doute que vos efforts de parler le vietnamien seront grandement appréciés avec un large sourire, un rien amusé !
Prononciation
Les consonnes
- le d barré est un d dur, mais le d non barré (ou la combinaison gi) se prononce z au nord et y au sud.
- le s se prononce s au nord et ch au sud.
- le x s'apparente au s français.
- le ch en fin de mot se prononce k.
- le nh ressemble au gn français.
- le th est très aspiré.
Les voyelles
- le a ressemble au a français, mais le â est plus proche du eu.
- le e se prononce è, et le ê se prononce é.
- le u se prononce ou.
- le o ressemble au o de mort, mais le ô se prononce o.
Expressions courantes
Oui : da (sud), vâng (nord).
Non : không.
Où… ? : o dâu ?
Quand ? : luc nào ?
Combien ? : bao nhiêu ?
Je ne comprends pas : tôi không hiêu.
Parlez-vous français ? (ông) co noi tiêng Phap không ?
Je suis... : Tôi là nguoi...
français / belge / suisse : Phap / Bi / Thuy si.
Vocabulaire
Arrêtez ! : ngùng lai !
Banque : ngân hàng.
Bureau de poste : buu diên.
Dispendieux : mac (sud), dat (nord).
Eau (embouteillée) : nuoc (khoang).
Français : Phap.
Froid / chaud : lanh / nong.
Hier / demain : hôm qua / ngày mai.
Hôpital : bênh viên.
Hôtel : khach san.
Marché : cho.
Médecin : bac si.
Musée : bao tàng.
Pagode : chùa.
Restaurant : nhà hàng.
Toilettes : (nhà) vê sinh.